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~ Viva el cinema ~


Leçon de cinéma de Christophe Honoré (Poitiers Film Festival 2018)

Publié par Oriane sur 1 Décembre 2018, 14:29pm

Catégories : #Festival, #Poitiers, #Leçon de cinéma, #Christophe Honoré, #Les Chansons d'Amour, #Plaire, Aimer et Courir Vite, #La Belle Personne

Leçon de cinéma de Christophe Honoré (Poitiers Film Festival 2018)

« Je suis beau, jeune et breton, Je sens la pluie, l’océan et les crêpes au citron »… Cet air de chanson vous dit peut-être quelque chose ? Il s’agit en effet d’un extrait des Chansons d’Amour de Christophe Honoré. Ce réalisateur, reconnu dans le monde du 7ème art pour ses films art et essai nous a fait l’honneur de venir pour la 41ème édition du Poitiers Film Festival.  

Mais le Poitiers Film Festival, qu’est-ce que c’est ?

Organisé par le TAP (Théâtre Auditorium de Poitiers), le Poitiers Film Festival (ne surtout pas faire le jeu de mots PFF ! A vos risques et périls auprès de la profession !) réunit autour d’une spécificité des films d’écoles de cinéma du monde entier. Cette année, le festival accueille de jeunes réalisateurs venus de Roumanie. C’est donc 23 pays et 31 écoles pour 50 films qui sont représentés pour sa 41ème édition. Du 30 novembre au 7 décembre 2018, le Poitiers Film Festival propose une rencontre de nombreuses professionnels du cinéma comme Félix Moati venant faire découvrir son parcours d’acteur avec plusieurs films à la clé dont une avant-première Deux fils, son premier long métrage comme réalisateur. Car ce festival est aussi un festival d’avant-premières avec un film d’ouverture C’est ça, l’amour de Claire Burger et de clôture Continuer de Joachim Lafosse. Enfin, une masterclass autour de la musique et cinéma rassemble Robin Campillo (réalisateur de 120 battements par minute) et Arnaud Rebotini (compositeur), des séances-sandwiches donne la possibilité de déguster un casse-croûte tout en se délectant d’un film classé art et essai (!), des séances cinéma Piou Piou sont ouvertes pour les enfants… mais le clou du spectacle est bien la leçon de cinéma de Christophe Honoré ! 

Et c’est dans quel lieu ?

Les séances ont principalement lieu dans le TAP au 6 rue de la Marne à Poitiers. Quelques séances de cinéma ont lieu dans le TAP Castille au 24 place du Maréchal Leclerc toujours à Poitiers. 

Et pour quel budget ?

Il y en a pour toutes les bourses, mais les prix sont relativement doux. Rappelons qu’il s’agit d’un festival de cinéma en province.  

Tarifs Séance : 5,50€

Séances Piou-piou, Et notre Afrique sur scène et -16 ans : 4€

Le joker : 3€

Pass festival : + 26 ans : 27€ – 26 ans et demandeurs d’emploi : 18€

Maintenant que vous savez tout sur le Poitiers Film Festival, penchons-nous sur la fameuse leçon de cinéma de Christophe Honoré !

Leçon de cinéma de Christophe Honoré – 4 décembre 2018 – 20h30-22h30      

Christophe Honoré était invité d’honneur de la 41ème édition du Poitiers Film Festival. Pendant deux heures passionnantes, il a animé une leçon de cinéma autour de la question de la transmission – axe important du Poitiers Film Festival et thème qui traverse sa riche actualité. 

La rencontre avait lieu en deux temps. Dans un premier temps, le réalisateur est revenu sur les œuvres et artistes (ses idoles) qui l’ont inspiré. Et dans un deuxième temps, quatre étudiants chapeautés par Leïla Adham, maître de conférences en études théâtrales et Francisco Ferreira, maître de conférences en études cinématographiques sont venus poser quatre questions autour du thème de la transmission. 

Le réalisateur nous a donc parlé de plusieurs de ses idoles comme The La’s, groupe des années 90 qu’il a découvert pendant ses années étudiantes à Rennes et dont il a gardé une profonde admiration – jusqu’à garder le gobelet offert par un des chanteurs pendant dix années.

Autre idole pour Christophe Honoré, et pas des moindres, Hervé Guibert, écrivain de L’homme blessé  et A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, visage du SIDA pour le public. Honoré se dit très attiré par son univers mêlé d’autofiction. La question de la transmission pour le réalisateur se voit comme une non-transmission avec l’auteur, ne plus converser à cause du SIDA. 

Dans un autre registre, cette fois-ci pictural, le metteur en scène nous guide dans son rapport au peintre Claude Viallat qu’il a découvert lors de ses études à Rennes. Il voue une admiration à Viallat, peintre appartenant au mouvement de peinture surface qui comme sur un tournage laisse place à l’imprévu. Et de l’imprévu peut se laisser une trace de ce qui s’est passé au tournage.

Avec Lola de Jacques Demy, Honoré évoque la question de l’héritage ou plutôt comme il dit de « prétendant » cinématographique. Lola est son film fétiche : le réalisateur en est tombé amoureux quand il avait 14/15 ans. Il se dit « chez soi » avec un film comme celui-ci, et « choisit d’être touché comme on est lié avec un sentiment amoureux ». Dans 17 fois Cécile Cassard par exemple, il y a la présence de Lola par la danse de Romain Duris. Et au final, tous ses films sont des variations de Lola

Enfin, dernier idole, avec Bagouet qui inspire son spectacle Les Idoles, joué au TAP le 12 au 14 décembre prochain, le réalisateur essaye de parler de la transmission, de faire revenir les morts autour d’une dernière danse pour conclure cette rencontre par « il est plus difficile d’aimer les vivants que les morts ». 

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Parfaite conclusion venant ouvrir une interview à quatre voix avec quatre étudiants en Arts du spectacle et Littérature. La première question était « Créer, est-ce répondre aux morts ? ». C’est à travers un extrait croisé avec la figure de Catherine Deneuve dans Les Parapluies de Cherbourg et Les Biens-aimés de Christophe Honoré que le réalisateur répond par le fait qu’il dialogue avec une génération de metteurs en scène. Pour lui, breton, il se tient devant des cimetières, il converse beaucoup avec les morts. Il s’agit donc d’une transmission ésotérique où le cinéma est un lien parce qu’il est construit par le temps et la mort. Pour Honoré, il est plus facile de répondre aux morts, ainsi le réel est une construction. Le metteur en scène voit d’un mauvais œil les films sociaux, pour lui le film doit s’assumer comme étant du cinéma et comme il dit « échapper au naturalisme est hypocrite par rapport au spectacle ». 

Ensuite, une deuxième étudiante prend la parole pour poser la question qui irrigue une partie de son cinéma à savoir la question des enfants. Christophe Honoré, avant d’être metteur en scène, écrivait des histoires pour enfants avec son amie Gwen de la fac, illustratrice. La question est de savoir si « Créer, est-ce parler aux enfants ? » Pour le réalisateur qui a mis en scène Les Malheurs de Sophie (d’après La Contesse de Ségur), le fait de consacrer du temps aux enfants n’est pas vain. L’idée de s’adresser aux enfants est même vue comme une activité noble. Il déplore par ailleurs la figure de l’enfant au cinéma dans les films art et essai, les enfants sont par exemple des figurants dans les films de Claude Sautet. Ce qui l’émeut, c’est l’interaction avec des enfants comme s’ils étaient des adultes. 

La troisième question se porte sur le fait de « Créer est-ce dire une part de soi ? ».  Le cinéma d’Honoré est une oeuvre de fiction en général, pour lui c’est la mise en scène qui fabrique la fiction. Il fait davantage des films d’écrivain, ce qui lui plaît c’est de filmer quelqu’un d’étranger à part peut-être quand il filme Chiara Mastroianni qu’il considère comme son alter-ego. Et aussi les trois personnages de Plaire, Aimer et Courir Vite, son dernier long-métrage présenté à Cannes cette année. En effet, les trois personnages lui sont proches, Vincent Lacoste est breton, Pierre Deladonchamps, romancier pour enfants et Denis Podalydès est un personnage dans lequel il se projette dans une dizaine d’années. 

Enfin, vient la quatrième et dernière question où l’étudiante aborde – avec rapidité car la rencontre était un poil trop longue – la question de la famille de cinéma à savoir  » Créer, est-ce fonder une famille ? » Pour le réalisateur, le mot « famille » ne lui convient pas, il préfère le mot « troupe ». Pour lui, le fait de travailler avec une troupe de comédiens (car il reprend souvent les même acteurs : Louis Garrel, Ludivine Sagnier, etc) n’est pas du tout confortable. Il crée une confiance et une vitesse de tournage qui n’est pas forcément l’apanage de tous les acteurs qui préfèrent parfois plusieurs prises pour jouer.

Sur ces mots, se clôt la leçon de cinéma de Christophe Honoré, le public n’a malheureusement pas pris la parole car la masterclass durait un peu trop longtemps. Mais des aficionados ont pu dédicacer un des livres du réalisateur (Ton père principalement) ou le programme. 

Le festival se termine le 7 décembre. Vous pouvez toujours aller voir quelques courts-métrages ou longs ! 

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