Faire un film muet, en noir et blanc n'est pas chose commune. Michel Hazanavicius, à qui l'on doit les deux OSS 117, s'en tire avec talent. The Artist est un hymne au cinéma d'antan, à la glorieuse époque de l'âge d'or hollywoodien. Jean Dujardin (sur lequel repose tout le film) incarne Georges Valentin, une star du muet qui va connaître la déchéance avec l'arrivée du parlant. Peppy Miller, alias la pétillante Bérénice Bejo, jeune figurante sur l'un de ses films, va être propulsée starlette qui - elle - a de la voix. Ce pur mélodrame dessine tout en finesse et humour leur histoire d'amour contrecarrée par cette explosion du parlant.
Alors, que vaut vraiment The Artist ? On en a fait beaucoup de tapage : à Cannes, dans les médias, etc... Cela fait quelques jours que j'ai abandonné mon brouillon et l'étincelle que j'avais dans les yeux à la sortie du film n'est plus. J'en ai même oublié la - pourtant - épatante interprétation de Jean Dujardin : seuls ses grimaces (scènes avec le chien) me reviennent à l'esprit. Peut être suis-je un peu trop acerbe car ce film vaut le coup d'être vu, par exemple pour cette incroyable séquence où Georges Valentin cauchemarde d'un monde qui devient tout à coup bruyant (bruit de son chien qui aboit, d'un verre qui se casse, des figurantes qui se moquent de lui) et lui, impuissant, acteur du muet, qui crie sans qu'on l'entende. Et appart cela ? Que vaut Jean Dujardin ? A t'il volé son prix d'interprétation ? Réponse : non ! Bien sûr que non, par son faciès si malléable, il rend ainsi hommage à ces vedettes déchues du muet. Quant à Bérénice Béjo, elle brille par ses oeillades et ses sifflements que l'on entend jamais. The Artist est finalement un film qui se regarde comme un autre : le muet entravant en rien l'attention. Et qui permet de rêver sur ce cinéma d'antan même si l'histoire (pastichant Chantons sur la pluie) tout en restient sienne, laisse un petit goût de je ne sais quoi dans la bouche. Un peu trop lisse peut être. Trop lêché. Trop hommage sans le vouloir.
A voir rien que pour la séquence de claquettes à la fin. Et Dujardin, encore et toujours. Un acteur, un vrai.
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