Après le controversé Les contes de Terremer, le fils du grand Hayao Miyazaki se lance dans sa deuxième réalisation. La colline aux coquelicots (dont le scénario a été écrit par le dit-père) dépeint les aventures de Umi, une jeune lycéenne dont le père a disparu en mer. Elle fait la rencontre de Shun, un garçon de son âge écrivant dans le journal du lycée. Les deux tombent amoureux mais un secret de famille va les obliger à choisir entre amour ou amitié.
Le film est issu d'un "shojo" (manga pour jeunes filles), et qui dit shojo, dit mièrverie pour certains. Au contraire ce doux récit doté d'un réalisme poignant lorgne même du côté d'un grand nom des Studios : le célèbre Tahakata et son célèbre Tombeau des lucioles, mais en moins bien. On s'en doutait, n'est-ce pas ? Goro transcrit ici avec minutie le Japon d'Antan (vieux téléphones, marchés, bateaux, architecture...).
Sa palette de couleurs illumine les yeux : un peu d'ocre par ci, du violet par là. Il brosse un tableau impressionniste d'une ville d'où on ressent les odeurs, la douceur et la moiteur d'une nuit. L'animation, quant à elle, est simple (visages fins, 2D allégée) comparé aux mondes tarabiscotés inventés par Hayao and co.
Je suis ton père
L'ombre du père plane pourtant sur ce long-métrage. Car, dans La Colline aux coquelicots, il est question de filiation. D'un secret dévoilé. Shun et Umi ont le même père. Goro Miyazaki, par ces deux adolescents soucieux, semble aussi se poser cette question du père. Ce père, Hayao Miyazaki, mondialement connu, qui le tourmente. Un père qui quitte la salle à la première projection des Contes de Terremer. Alors, Goro, fils illégitime ? Parce que pas assez fanstamagorique pour les Studios ? Où sont les sorcières aux deux-têtes ? Et les animaux parlants ? Nulle part, car le fils a choisi la veine réaliste. Petit pied de nez au père, donc.
Si au final le film souffre de quelques longueurs, il se savoure vraiment. La magie, certes, propre aux Studios, n'est pas là. Mais on aime suivre les personnages à la découverte de leurs sentiments naissants. C'est frais. Et la musique trotte longtemps dans la tête après la projection.
Mention Assez Bien pour le fils. Il se cherche, mais quand va t'il se trouver ?
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