Jean Pierre Jeunet sait se faire attendre. Ses films délivrés au compte-goutte (à raison d'un tous les 4 ans) sont des véritables petits joyaux du 7ème art qu'il faut s'empresser de découvrir. Mics-Macs à tire-larigot fait parti de ceux-ci. Certes, il ne s'agit pas du meilleur même du plus mauvais des Jeunet mais diable que ça fait du bien de se perdre dans la pellicule de ce mordu de cinéma. Ici Paris, encore une fois, est réinventé d'ailleurs on ne sait plus où se situer tant tout est confondu : du Amélie Poulain par ci, des années 2000 par là et paf retour aux années 50. Dans ce sérieux bric à brac frôlant le bordel, on suit les péripéties de Bazil, héros lunaire et solitaire cher à Jeunet, entre One de La cité des enfants perdus et Amélie Poulain. Avant de se retrouver entre la vie et la mort, Bazil menait une vie simple dans un vidéo-club où il aimait manger des vaches qui rit en doublant la voix française d'Humprey Bogart. Mais des marchands d'armes en ont décidé autrement, un soir Bazil se retrouve malencontreusement avec une balle dans la tête qui risque à tout moment de le tuer. Sauf que notre héros va trouver de la compagnie dans une bande de joyeux-lurons aux caractères bien trempés. Et avec eux, il va mener la vie dure à ces malfrats et leur faire payer le mal qui lui ont fait.
Le scénario n'est pas très folichon (une bataille entre les méchants et les gentils) : Jeunet qui est pourtant expert en la matière de raconter des histoires se perd dans des détails de personnages secondaires, certes très intéressants et drôles souvent (voir la scène avec Urbain Cancellier, mordante !) mais qui ne sert pas tellement le film. Ses caractères sont pour la plupart réduits à la caricature : Dominique Pinon est assez énervant avec tous ces tics, la môme Caoutchouc nommée Julie Ferrier en fait parfois un peu trop et grand dommage : on arrive pas du tout à s'attacher aux personnages sauf aux malfrats qui volent la vedette à un Dany Boon qui offre pourtant un très bon jeu. Du côté de la forme, c'est pas guère mieux : la photographie ressemble à du sous Un long dimanche de fiançailles et Amélie Poulain, genre jaune pisseux et vert caca d'oie mais n'ayez crainte on retrouve bien la patte Jeunet (dolly, courte focale) sauf qu'il se cite un peu trop souvent à mon goût (la scène de la harpe de Delicatessen, les petits « trucs » à la Amélie Poulain, les explosifs et le goût de la guerre perçus dans Un long dimanche) en même temps on ne peut pas trop lui reprocher de faire du Jeunet. Sinon le film est plein d'humour, de tendresse, de naïveté parfois et malgré toutes mes critiques négatives : j'ai envie de le revoir. C'est grave docteur ?
Commenter cet article